Goulam le troll [ Grosse Lecture...]

C'est fini. Terminé.

Goulam, mon frère, n'est plus. Sa vie s'est éteinte comme une bougie qu'on souffle, son âme s'en est retournée au Walhalla, où il trouvera le repos éternel. Je suis ici pour rendre hommage à sa mémoire, et raconter comment il a péri. Voyageur, arrête tes pas quelques instants, et prête l'oreille. Ce sera le premier chant funèbre d'Etincelle, Trollesse scalde.

Tout commença sur les côtes de la grande Midgard, par une sombre nuit d'hiver, il y a de cela bien des années. Il faut savoir que les Trolls ne naissent pas comme des Humains. Nous n'avons pas de parents à proprement parler, aucune mère ne nous porte dans son ventre. Les Trolls naissent déjà adultes, sauf quelques rares exceptions qui font figure d'incidents.

Nous sommes des pierres. Littéralement.
Pour qu'un Troll s'éveille à la vie, il faut qu'un puissant mage introduise un esprit dans un rocher choisi au préalable, au terme d'une longue incantation. Alors seulement un Troll vient au monde. Je m'en souviens comme si c'était hier...

La pluie.
Une pluie lourde, épaisse, comme un déluge venu du ciel.

Premier souvenir d'une vie qui promettait d'être longue. J'ouvre les yeux. Un Troll se tient face à moi, à genoux lui aussi. Sans pouvoir me l'expliquer, je sais aussitôt qu'il est mon frère. Nous sommes nés de la même pierre. Il me sourit, étant parvenu à la même conclusion.

— Debout, esclaves !

La voix sèche a claqué comme un fouet. Je tourne la tête et découvre une créature à la peau bleue et aux cheveux de la même couleur qu'un feu ardent. Un Frostalf. Le nom s'impose de lui-même à mon esprit, sans que je sache d'où me vient ce savoir.

Il nous foudroie du regard et lance d'une voix impérieuse :
— Debout, maudites créatures, et venez servir votre maître !

Mon frère se lève lourdement et s'avance vers le Frostalf. Il s'arrête à quelques pas de lui, dominant notre prétendu maître de tout son haut.

— Pourquoi nous servir toi ? demande mon frère d'une voix hachée, encore hésitante, et qui évoque le bruit de deux pierres qui s'entrechoquent.

La créature bleue pince les lèvres.
— Tu parles ? s'étonne-t-il. Je n'ai pourtant pas introduit assez d'esprit dans la pierre pour que cela se produise. Vous ne deviez être que des servants, capables d'accomplir uniquement les tâches les plus simples...

Je m'approche à mon tour de lui.
— Nous pas esclaves, dis-je au prix d'un violent effort — les mots ne me venaient que difficilement. Libres, pas servir toi. Viens, frère, partons.

— Je vous l'interdis ! s'écrie le Frostalf, la colère naissant au fond de ses yeux. Vous allez restez ici, et m'obéir ! Je vous ai donné la vie, vous me devez votre existence !

Il esquisse d'étranges gestes en prononçant des mots incompréhensibles, et soudain nous ressentons une douleur aiguë dans tout le corps. Première expérience de la souffrance, mais certainement pas la dernière.

Mon frère pousse un grondement de rage, attrape la créature bleue par le devant de ses habits avec une vivacité surprenante, le fait passer par-dessus lui et le projette violemment en arrière. Le Frostalf n'a pas pu se défendre, surpris par l'extraordinaire rapidité de mon frère, choses peu commune pour un Troll.

Alors que la créature retombe durement sur le sol, quelques mètres plus loin, sa tête heurte une pierre. Son corps frémit et il ne bouge plus. Mon frère l'observe le temps de quelques respirations, les yeux mi-clos, avant de déclarer :
— Lui pas mort. Moi aller l'achever.

Je le retiens alors qu'il cherche à s'avancer.
— Laisse. Ça être inutile. Lui plus dangereux maintenant. Nous partir.

Il me regarde d'un air perplexe, puis hausse les épaules et s'en remet à mon jugement. Nous nous détournons du Frostalf inerte et nous éloignons de notre lieu de naissance, abandonnant derrière nous la carrière de pierre.

La pluie n'a pas cessé. C'est à croire qu'elle fût présente à chaque étape importante de notre vie.


Nous errâmes longtemps dans les montagnes de Midgard, sans savoir où aller. Nous nous choisîmes un nom : je pris celui d'Etincelle, comme l'étincelle de vie qui me semblait animer la masse de pierre que j'étais. Lui se nomma Goulam, un choix motivé en grande partie par la sonorité du mot.

Un soir, alors qu'il pleuvait et que nous recherchions un abri, nous rencontrâmes un petit groupe de Trolls, qui comme nous avaient échappé aux chamans qui les avaient éveillés. Ils vivaient ensemble, subvenant à leurs besoins en pillant les quelques voyageurs qui croisaient leur route.

Nous nous joignîmes à eux sans hésiter. L'un des Trolls de la troupe savait chanter, et c'est auprès de lui que j'appris les bases du métier de scalde. Quant à mon frère, il s'instruisit dans la maniement des armes, s'entraînant lors des combats amicaux qui l'opposaient aux autres membres du groupe.

Nous vécûmes quelques temps parmi eux, mais ils étaient trop différents de nous pour que notre entente puisse durer. Ils étaient sauvages, et obéissaient à leur meneur sans se poser de questions. La hiérarchie, en particulier, nous pesaient. Un jour, Goulam n'y tint plus et défia Grugh — le chef de la troupe — en duel. Ce jour là aussi, évidemment, il pleuvait...

Les deux Trolls se font face. Leurs mains glissent sur le manche de leurs armes — mon frère porte une hache, Grugh une épée —, sous leurs pieds, le sol boueux se fait plus instable à chaque instant. L'eau ruisselle le long de leurs grands corps de pierre alors qu'ils s'observent. Telles d'immenses statues de guerriers antiques placées face à face, ils ne bougent pas un muscle, scrutant l'adversaire du regard.

Les autres Trolls de la troupe forment un cercle autour d'eux, spectateurs muets et tout aussi immobiles. Ils n'interviendront pas dans le combat, mais ils honoreront le vainqueur, et oublieront le vaincu. Goulam et Grugh restent silencieux, les yeux dans les yeux. Ils n'ont plus rien à se dire, toutes les paroles nécessaires ont été échangées. Maintenant, il ne leur reste plus qu'à se battre.

L'enjeu du duel est des plus simples : la vie. Le combat ne sera pas long. Avec la force brutale des Trolls, il ne peut être qu'extrêmement bref.

Grugh attaque soudainement, balançant son épée à bout de bras pour venir frapper... la hache de Goulam, qui a bloqué le coup au dernier instant. Il se dégage et oblige mon frère à reculer avec un coup de taille latéral, puis il attaque de nouveau, plus violemment cette fois.

Goulam évite le coup d'un simple pas sur le côté. L'arme de Grugh vient frapper le sol, projetant de la boue dans les airs. Profitant de cet instant de relâchement, mon frère abat sa hache sur le bras de son adversaire. L'acier s'enfonce dans la pierre, mais sans parvenir à la trancher entièrement. Le grand Troll hurle de rage et donne un brusque coup d'épaules à Goulam, le faisant lâcher prise. Sa hache tombe sur le sol alors qu'il recule précipitamment pour éviter la lame de Grugh.

Les deux Trolls se figent. Un sourire triomphant sur les lèvres, Grugh agite doucement son épée comme pour signifier qu'à présent, il est le seul armé. Le regard de Goulam se porte sur sa hache, à moitié enfouie dans la boue, juste à droite de Grugh. Ce dernier émet un rire de défi et écarte les bras, comme pour inviter son adversaire à tenter le coup. Sa lame étincelle, tendue à l'horizontale sur le chemin entre mon frère et son arme.

Goulam regarde alternativement sa hache, l'épée de son adversaire, puis Grugh lui-même. Et il fait son choix.

Vous connaissez la formule : Que le meilleur gagne ? Hé bien, elle est fausse. Ce n'est jamais le meilleur qui gagne. C'est le plus rusé, celui qui sait le mieux utiliser la situation à son avantage. Et ce jour-là, ce fut mon frère.

Goulam plonge en avant. Non pas vers sa hache, mais directement dans les jambes de son adversaire. Surpris par cette folie, celui-ci n'a pas le temps de réagir. Goulam le percute de plein fouet, le renversant sur le sol, le dos dans la boue. Il se dresse au-dessus de lui, puis il agrippe l'épée de Grugh et la retourne contre son propriétaire, lui enfonçant la lame dans l'œil gauche, jusqu'au fond du cerveau. Grugh meurt instantanément.

Mon frère se relève, ramasse sa hache, et dans un geste théâtral, il décapite le corps du Troll à terre. La tête roule dans la boue, sous le regard des autres masses de pierre.
Et le silence retombe sur la scène.

Puis un à un, lentement, solennellement, les Trolls s'agenouillent devant mon frère, lui rendant hommage et le reconnaissant comme leur chef.
Goulam a triomphé. Et toujours, toujours, la pluie n'en finit pas de tomber.


Nous quittâmes le clan. Goulam cherchait à devenir autre chose qu'un simple meneur de quelques Trolls isolés. Il voulait du sang, des combats, et plus de pouvoir. Je le comprenais, mais aspirais à quelque chose de différent : j'avais pour ambition d'apprendre le langage Humain, et de commencer à composer des poèmes.

Nous nous séparâmes, en promettant de nous revoir de temps à autres. Chacun suivit son chemin.
Nous nous revîmes quelques saisons plus tard. Mon frère avait changé. Et moi aussi.

La pluie tombe à verse. L'attaque est sur le point d'être lancée. La Lune a été insulté, la Lune sera vengée. L'ennemi ? La Légion Noire. Adorateurs de Lucifer, ils remettent en cause la suprématie lunaire. Un seul châtiment pour leur crime : la mort. Nos différents vont se régler dans le sang, sur le champ de bataille, ici même.

Un cri retentit dans mon dos. Le signal. Nous nous élançons. En face de nous, à quelques centaines de mètres, les légionnaires font de même, se précipitant à notre rencontre. Vers leur mort.

L'air vibre déjà sous le pouvoir du mana. Des deux côtés, les mages enchaînent leurs sorts à une vitesse fulgurante, déclenchant l'enfer. Une boule de feu fuse sur ma droite, explosant dans un nuage de fumée alors qu'elle percute un nécrite. Sans chercher à comprendre, je me rue dans la mêlée. Pas le temps de réfléchir. Il faut se battre, pour sauver sa vie.

Je balance ma hache, à droite, à gauche. Le sang gicle, se mêlant à la boue sur le sol. Et je chante. Je chante l'acier, je chante la mort. Mon arme se nimbe d'un feu argenté, et je continue à frapper au hasard, tranchant les chairs des ennemis.

Un mouvement sur ma droite. Réflexe. Un quart de tour, garde haute. Ma hache résonne contre celle d'un Troll en armure rouge et noire. Un ennemi. Nos regards se croisent. Et je reste immobile, l'esprit vidé de toutes pensées.
Mon frère.

Je relâche la pression que j'exerçais sur ma hache pour contrer la sienne et recule, encore sous le choc. Il m'a reconnu, lui aussi. Je peux le lire sur son visage. Confusion, hésitation. Nous restons figés, l'un et l'autre.

Mais autour de nous, le combat continue. Nos guildes respectives se battent avec ardeur tandis que nous nous observons sans prononcer un mot. La logique voudrait que nous nous étripions, sans tenir compte de nos liens de sang. L'allégeance qu'il a contracté envers Lucifer, et la mienne envers la Lune, ne tiennent pas compte des préoccupations mortelles. Nous devrions nous battre, nous le savons très bien.

Mais nous ne pouvons pas. Autant me demander de m'amputer volontairement d'un bras. Finalement, Goulam secoue la tête et baisse son arme. Je m'apprête à parler, mais le Destin en décide autrement.

Un mage nous prends pour cibles. Quelque chose de froid et de brûlant à la fois envahit brusquement l'espace où nous nous trouvons, déchiquetant la pierre, broyant nos organes, réduisant à néant tout ce qui vit. Je m'effondre sur le sol alors que l'asphyxie me gagne. L'énergie d'un noir aveuglant se rue sur nous une nouvelle fois ; cela suffit à m'achever.

Et une dernière chose enfin avant les ténèbres.
La pluie, la pluie, la pluie.

Par la suite, nous nous revîmes sans tenir compte de l'inimité qui régnait entre nos deux guildes. Nous discutâmes longuement de nos dieux respectifs, généralement autour d'une bière dans une taverne. Je tentais de nombreuses fois de le convaincre d'abandonner le sien. Pas forcément pour embrasser la religion lunaire, non. Simplement parce que vénérer Lucifer me semblait être un mauvais choix.

Au départ, Goulam ne voulait rien entendre. Mais j'étais aussi têtue que lui, sinon plus. Petit à petit, il finit par se laisser convaincre. Je savais ce qu'il recherchait, et je savais aussi qu'il ne l'obtiendrai jamais avec Lucifer pour dieu. Car son but, c'était la liberté.

Lorsque je l'eus persuadé de renoncer à sa guilde, après quelques années d'échange d'arguments, il m'expliqua que son âme appartenait à son dieu, et qu'il ne pouvait pas la lui reprendre. Je me creusai la tête pour résoudre ce problème, et bien sûr, j'en trouvai une...

Goulam se jette contre la porte, une épaule en avant. Le bois de chêne craque et se fend comme un fruit trop mûr qu'on presse négligemment. Mon frère grogne, recule un peu pour prendre de l'élan, et se précipite de nouveau contre la porte, qui cette fois-ci explose littéralement. Goulam entre dans la petite maison, un sourire satisfait sur les lèvres. Je le suis en enjambant les quelques débris tombés au sol.

A l'intérieur, une Frostalf se tient debout derrière un bureau, les yeux écarquillés.
— Que... que voulez-vous ? balbutie-t-elle.
— Goulam vouloir son âme rugit mon frère.
— Laisse-moi faire, lui dis-je d'un ton tranquille.
— Hum. Sœur Tincelle mieux parler acquiesce-t-il en croisant les bras.

Je me tourne vers la créature bleue, qui fait de son mieux pour cacher sa peur.
— Mon frère a donné son âme à Lucifer. Il veut à présent la reprendre. Sachant que ce sont les Chamans qui donnent vie aux Trolls, et que tu es réputée pour être un des meilleures... je pensais que tu pourrais peut-être faire quelque chose...

La Frostalf paraît réfléchir quelques instants, se mordant les lèvres.
— Mais... non, je ne peux pas, c'est impossible... bredouille-t-elle finalement en se tordant les mains.
— Pas possible ? Mais Goulam besoin son âme ! Maintenant que lui plus servir Lucifer, lui se sentir tout...

Il écarte les bras de chaque côté du corps, comme pour mimer un état.
— Écartelé, proposé-je.
— Cartelé, répète mon frère avec assurance. Toi faire quelque chose !

La Frostalf secoue la tête, un air désespéré plaqué sur ses traits.
— Si toi pas pouvoir, toi inutile, lâche mon frère.
Il porte sa main dans son dos, effleurant la poignée de sa lourde hache.
— Tu ne peux vraiment rien faire ? insisté-je. Réfléchis vite et bien, je ne pourrais rien faire pour le retenir en cas de mauvaise réponse...

Je désigne Goulam d'un mouvement de tête éloquent. Le regard de la Frostalf s'illumine soudain, l'espoir chassant la peur au fond de ses prunelles.
— Je... Attendez, il y a peut-être un moyen !
— Quel ? marmonne Goulam.
— Il est possible de... transférer une partie de l'âme d'un Troll chez un autre... si le lien qui les unit est assez fort. Cela suffirait certainement à faire disparaître la sensation d'écartèlement, et de revenir presque... à la normale.

Mon frère fronce les sourcils, alors que j'examine la proposition de la Chamane.
— Tincelle moitié âme pour aider Goul' ? Ça être quoi elle dire ? demande Goulam.

Je hoche la tête.
— Précisément. Mais c'est presque comme si c'était déjà le cas...

Goulam émet un rire rocailleux.
— Tincelle dire vrai !

Il se tourne vers la Frostalf et ordonne :
— Toi faire ça maintenant !
— Mais... le prix de ce genre d'opération est extrêmement élevée... objecte-t-elle. Qu'avez-vous à m'offrir pour ce service ?

Mon frère dégaine sa hache dans un mouvement tournoyant et l'immobilise à un cheveu du cou de la Frostalf.
— Ta vie, traduis-je.

La Chamane déglutit avec difficulté.
— Je... très bien, je vais le faire.


Et elle le fit. Ce fut rapide et presque indolore, comme si nos deux âmes n'avaient toujours fait qu'une. Nous prîmes congé de la Chamane sans la tuer, comme nous l'avions promis, au grand regret de Goulam.

Pour la première fois depuis longtemps, il était régénéré, entier, et libre de faire ce qu'il voulait. Il devint pirate. Liberté suprême que de piller, rançonner et tuer sans avoir de comptes à rendre à personne. Avec deux autres personnes, il rassembla autour de lui des gens qui rêvaient également d'une vie sans contraintes. Recherchés par les autorités, la vie de Goulam n'en était que plus amusante.

De nombreuses années passèrent ainsi. Nous continuâmes à nous voir, et à sa demande je lui appris le langage tel que les humains le concevaient, afin qu'il pût menacer n'importe qui. Ce furent les années les plus heureuses de sa vie, celles qui résonnent comme un parfait cristal lorsqu'on s'avise de leur timbre.

Mais tout bonheur a une fin. Le proverbe Troll le dit bien : 'Quand Troll avoir fini tout son manger, Troll plus pouvoir manger'.

Bref, quelque chose commença à s'immiscer dans notre vie, semant la confusion dans nos idées. De simples rêves, mais qui étaient des plus troublants. La nuit, nous revivions invariablement notre naissance. La carrière de pierre s'imprimait dans mon esprit en image de feu. Nous ne pouvions pas y échapper.

Quelque chose nous appelait là-bas. Nous devions y revenir, pour je ne sais quelle raison. Peut-être est-ce parce que ce qui a commencé à un certain endroit doit aussi finir à ce même endroit. Quoi qu'il en soit, la chaîne implacable du destin nous tirait en arrière, nous ramenant inexorablement vers notre passé.

Un jour, nous nous mîmes en route vers la côté de Midgard. Sans nous être concertés, nous nous retrouvâmes sur le même chemin, avançant vers ce lieu où tout avait commencé.
Et où tout finirait.

De la pierre. De la pierre partout, à perte de vue.

Notre berceau. Le lieu qui nous a vu naître. Nous y voilà. Les nuages s'ammoncellent dans le ciel lourd au-dessus de nos têtes alors que nous parcourons les environs du regard. Il n'y a personne, nous sommes seuls. Du moins en apparence.
— Je savais que vous finiriez par revenir...

Nous nous retournons dans un bel ensemble. En face de nous se tient un Frostalf aux cheveux d'un roux ardent. Celui qui nous a donné la vie. Il nous sourit d'un air mauvais.
— Mes sorts vous ont finalement ramenés ! J'espère que la traction que j'ai exercé sur votre âme n'a pas été trop... douloureuse.
— Qu'est-ce' t'veux ? gronde Goulam.

Le Frostalf a un petit rire.
— N'est-ce pas évident ? Que fait-on des mauvais serviteurs ? Ceux qui se rebellent inconsidérément contre leur maître et qui refusent d'obéir ?...

Il lève les bras alors que Goulam porte la main à sa hache. Trop tard.
— On les élimine ! hurle le Frostalf.

Et le monde explose dans un tourbillon de couleurs tranchantes.

Verts, bleus, rouges, des traits d'énergie dévastatrice fondent sur nous, nous percutant de plein fouet. La magie malmènent nos corps comme nos esprits, écorchant nos pensées. Je sens que je suis projetée en arrière, et après un vol plané de quelques secondes, mons dos heurte douloureusement la pierre.

Je grogne et tente de me relever pour me précipiter sur le mage. Mais en vain. J'ai l'impression d'être clouée au sol. Je ne peux pas faire le moindre mouvement. Condamnée à observer la bataille qui va se jouer ici-même, là où nous sommes nés.

Mon frère est debout et fait face au Chaman. La magie a laissé de profondes traces sur son corps, la pierre est éraflée et fendue en certains endroits. Et pourtant, il va se battre. Le Frostalf me jette un bref coup d'œil, puis reporte son attention sur Goulam.
— La femelle, je la garde, dit-il. Elle pourra toujours servir d'amuse-gueule à mes serviteurs mâles... Mais toi, tu vas mourir !

Il pointe le doigt sur mon frère et prononce une seule syllabe, qui déchire l'air comme l'acier tranche le papier. Une boule d'un noir mortel jaillit de sa main. Mon frère l'évite d'un roulé-boulé sur le côté, et se redresse d'un seul mouvement. Il se rue sur le Chaman, qui écarte les bras et siffle. Ce n'est pas un sifflement ordinaire, mais une trille de magie pure.

Aussitôt, quatre chiens sortis du néant apparaissent devant lui et se précipitent sur Goulam, les crocs découverts. Ce sont des fantômes, des esprits ramenés de l'au-delà, mais leurs morsures sont bien réelles. Ils obligent mon frère à reculer, lançant leurs assauts impitoyablement. Goulam se défend vaillament, sa hache virevoltant de part et d'autre, tranchant dans les chairs des démons canins.

Bientôt, une tête vole dans les airs, et le corps d'un des chiens s'effondre sur le sol. Les trois autres semblent redoubler d'efforts, accablant Goulam de leur haine. Le corps de mon frère souffre sous leurs crocs, la pierre ne peut pas résister longtemps à tant de magie.

Mais Goulam est toujours debout, se défendant jusqu'à la mort. Sa volonté se révèle plus grande que celle des serviteurs démoniaques, et il finit par les abattre, l'un après l'autre. Finalement, il se tient au centre de la carrière, les cadavres des chiens à ses pieds. Son corps est ravagé, la pierre semble sur le point de se disloquer et de se répandre en milliers de petit cailloux. Les morsures des chiens ont fait leur œuvre.

Goulam tombe à genoux, incapable de se tenir plus longtemps sur ses jambes. Sa hache lui échappe des mains et résonne contre la pierre. Respirant difficilement, il redresse la tête et défie le Frostalf du regard. A bout de forces, il ne peut rien faire de plus. Mon frère va mourir. Et moi, toujours immobilisée, je suis condamnée à assister au dernier acte de la pièce qu'a été sa vie.

Le Frostalf ricane.
— C'est fini pour toi. Meurs en silence, maintenant.

Mon frère secoue la tête, un étrange sourire aux lèvres. Sa main part chercher une petite dague à sa ceinture, qu'il dégaine et regarde fixement.
— Que comptes-tu faire avec ça, stupide masse de pierre ? s'amuse le Frostalf. Tu ne peux même plus marcher ! Viens donc te battre, je t'attends, si tu en es capable !

Le sourire de Goulam s'élargit. Sa main se resserre sur sa dague.
— Tu as perdu, murmure-t-il.

Et dans un geste aussi fulgurant qu'innattendu, il projette son arme droit vers le Frostalf. Un lancer vif, précis. L'acier déchire l'air, le faisant pleurer sous son tranchant. La dague se plante dans la gorge du Chaman avec un bruit des plus satisfaisants.

Le Frostalf écarquille les yeux, mais toute sa magie ne peut rien contre le fer qui lui retire sa vie. Il s'effondre lourdement sur le sol, le visage figée dans une expression d'étonnement. Aussitôt, sa magie cesse d'agir et je suis libérée du poids qui m'écrasait.

Je me précipite vers mon frère, mais je sais qu'il est trop tard. Je m'agenouille à ses côtés, avisant les dégâts irréparables qu'a subi son corps.
— Goulam...

Il me sourit.
— Goul' content...

Son regard se fait vitreux, ses yeux se perdent dans la contemplation du ciel. Sa main s'avance sur le sol, à la recherche de sa hache. Je la lui place entre les doigts, solennellement.

Au loin, le tonnerre gronde. Goulam ferme les yeux. La pluie se met à tomber, lavant le corps de mon frère de ses plaies.

Et avec elle vient le dernier cadeau qu'il attendait tant.

Les ténèbres.


C'est fini. Goulam n'est plus. J'ai rendu le tribut que je dois à sa mémoire. Soyez certains que je ne l'oublierai pas. Car malgré tout ce qu'ont pu dire certains, il n'était pas qu'un vulgaire tas de cailloux. Il était bien plus que cela. C'était mon frère.

Et vous aussi, vous êtes dépositaires de son souvenir, à présent. Alors, lorsque la pluie tombera, lorsqu'elle viendra purifier les terres d'Amtenaël, remémorez-vous ce Troll du nom de Goulam, qui vécut comme chaque Troll devrait pouvoir le faire.

Libre.

Oui...^^ Mais je suis Rpiste ds le fofo officiel..j'ai gagné quelques tournois deja et je fesais les RP pr ems potes top 30 univers 14 dans leurs HoFs^^

Voila...

Bah merci

je dois avoir une 20aine de RP ds mon disque dur^^ mais je les sortirai petit a petit^^


Ha oui j'ai suivi des cours de graphismes Pro si vous voulez savoir^^ je vais exposer mes eouvres ds la partir graphisme^^

jolie le rp meme magniphique^^

trés bien!!! parcontre pour les couleurs , tu aurais pas du metre du jaune claire comme sa, j'ai eu bcp de mal a liire pcq je voyais pas trop!!!

sinon trés bien::!!!

Merci

moins long la prochaine

nan c'est un petit rc par raport a certain en 80 page sur le fofo off les rp par chapitre et paragraphe du pantheon^^
la taille est nikel